J’ai rencontré mon directeur de recherche sur Aix et ai donc pu parler avec lui de mon stage, de ma situation, de mon ressenti, et de ma problématique de recherche-action.
Ce stage est censé nous aider à acquérir une approche réflexive sur nos pratiques enseignantes. Mais j’avoue avoir eu des difficultés jusqu’à cette rencontre à porter un regard réflexif sur mon expérience. En effet, plongée dans le stage, baignée dans les pratiques quotidiennes, il m’était difficile de prendre du recul et de réellement réfléchir à mes pratiques. Mes sentiments étaient trop proches et m’étouffaient pour porter un réel jugement. N’ayant personne avec qui parler professionnellement de mon expérience (mes camarades ayant des situations tout aussi émotionnelles, nous ne nous aidions pas à être réflexifs, mais plutôt à essayer de tenir émotionnellement), mon tuteur n’étant pas très disponible, je n’avais jamais l’occasion de présenter ma situation plus clairement à quelqu’un, toujours professionnellement. Ma rencontre avec mon directeur a donc été en quelque sorte une bouffée d’air pour moi, j’ai enfin pu poser des mots plus « objectifs » sur mon expérience et mes ressentis. Et c’est en m’écoutant parler que j’ai enfin pu prendre du recul sur tout ça, voir plus clairement dans mes pratiques, et essayer de porter un regard réflexif. La colère, la frustration, la peur, la solitude qui pouvaient m’aveugler avant étaient toujours là, mais j’en prenais compte au lieu de les laisser faire obstacle au reste de mes ressentis. Tout cela peut paraître bien niais, mais c’est ce qui s’est passé pour moi. Je pense donc que les sessions Skype vont donc être très positives pour développer notre attitude réflexive.
Ainsi, après avoir exposé mes pratiques et ma situation, mon directeur de recherche m’a suggéré plusieurs idées de problématiques possibles. J’ai choisi de mettre en place en cours d’analyse linguistique avec mes L2 (qui est souvent un cours de conversation à partir de textes choisis) un débat formalisé, pour travailler l’argumentation. Je pense leur donner plusieurs textes qui exemplifient la présentation de son point de vue, l’organisation de ses arguments, le lexique et les structures nécessaires. Je vais alors demander aux apprenants de préparer leurs arguments pour mettre en place le débat lors de la séance suivante, débat que je vais enregistrer avec un dictaphone. Lors du cours de grammaire suivant, nous allons réécouter les enregistrements, et les apprenants vont déductivement présenter les différents points linguistiques et pragmatiques de l’argumentation. Nous allons désigner les points positifs et les points négatifs de l’enregistrement, et définir comment améliorer l’argumentation de chacun. Un nouveau débat sera mis en place lors d’une nouvelle séance du cours d’analyse linguistique. Ce débat sera à nouveau enregistré.
Ainsi, les apprenants vont déductivement apprendre à partir de leur travail. De plus, je vais utiliser tous ces enregistrements et ces travaux pour étudier l’organisation déductive des apprenants, mais aussi étudier leurs prises de parole, les interactions entre apprenants et la place de l’enseignant dans la séance. Les différents enregistrements vont également permettre une comparaison, et donc peut être une conclusion sur la progression dans l’apprentissage.
Je dois à présent m'atteler à la présentation de ma problématique qu'il faut rendre sous peu sur Moodle. Je dois la préciser, la détailler, me créer un calendrier, trouver des auteurs pour étayer ma recherche, et puis construire une réelle réflexion à partir des questions posées.
Pas mal de boulot en perspective!!!