lundi 17 octobre 2011

Et on continue...

Voilà donc plus d'un mois que j'enseigne à l'Université de Daugavpils. J'avoue avoir des moments de doute, de solitude, d'insécurité... Disons que ma vie sociale ici n'est pas folichonne du tout, et on peut bien dire ce que l'on veut, même la meilleure expérience professionnelle n'est pas forcément bien vécue quand la vie privée, la vie sociale ne l'est pas.
Un enseignant est une personne avant tout. Nos émotions, nos humeurs, nos états physiques et morales pèsent et jouent un rôle important dans notre enseignement. La motivation de se lever chaque matin pour aller partager ses savoirs ne dépend pas seulement de notre contexte professionnel.
Bien sûr, il faut savoir mettre de côté tout ça aussi, garder le sourire devant les élèves, rester patiente et motivée. Mais si l'on accepte que nos élèves soient humains et aient aussi des coups bas, nous devons aussi l'accepter pour l'enseignant.
Rassurez-vous, ça ne va pas si mal, je survis!^^ mais cette expérience me fait baucoup réfléchir, et il est bien d'ouvrir notre réflexion sur ce métier à l'enseignant en tant que personne aussi.

Mes cours se passent, plutôt bien je pense. J'essaie vraiment de garder une atmosphère ouverte, détendue, motivante et entrainante en cours. La plupart de mes cours sont rythmés par des discussions, des minis débats. Cela fonctionne plutôt bien, et les étudiants ont appris à me connaître, j'ai appris à les connaître, et nous pouvons toucher à des sujets plus personnels, plus délicats. Rendre son enseignement intéressant, c'est trouver le sujet qui intéresse les apprenants.
Mon groupe de L2 et moi avons travaillé sur un texte parlant de l'Amour vu par les jeunes Français. Mes L2 étant un groupe de 6 filles, le sujet a très bien marché, des débats ont été crées, des discussions engagées.
Mes L1 progressent bien aussi, bien sûr, certains sont plus intéressés que d'autres, et la découverte du français n'est pas forcément facile et bien vécue par tous.
C'est bizarrement avec mes L3 que je rencontre le plus de difficultés à créer une motivation et une bonne ambiance. Ils semblent parfois avoir oublié pourquoi ils ont choisi le français, et ne viennent en cours que pour regarder leur montre, soupirer bruyamment, venir sans leur matériel et montrer ouvertement qu'ils ne souhaitent pas participer et que de ce fait ils s'ennuient. C'est d'autant plus choquant pour moi que les Lettons sont généralement des personnes assez "froide", dans le sens renfermé, ils montrent très peu leurs sentiments. Je trouve donc le comportement de certains irrespectueux, surtout venant de jeunes adultes de 20/21 ans.

Les activités "ludiques" ne passent pas très bien non plus. Par exemple, j'ai mis en place un "speed-dating" avec mes L1 en cours de communication, pour qu'ils utilisent tout ce que nous avons travaillé jusqu'à maintenant. Mais lorsque je leur ai demandé de se déplacer dans la classe pour aller rencontrer les autres étudiants, ils m'ont juste regardée avec des gros yeux. "Quoi? Nous déplacer? Juste aller discuter avec un autre étudiant??" ... Et oui, cela ne semble pas se faire beaucoup dans la culture éducative lettone. Pas grave, je leur explique. QU'est-ce que c'est apprendre une langue? c'est apprendre à communiquer. Peu importe si on fait des erreurs, l'important est de faire passer un message. Ne soyons pas timides, et découvrons nous les uns les autres.
Durant les premières semaines, j'essayais aussi de mettre en place des activités ludiques en cours de communication avec mes L2. Mais ils sont venus me voir et m'ont demandé de faire surtout des entrainements pour l'examen oral de janvier... Et donc de partir de thèmes, et d'apprendre à palrer sur ce sujet. Pas très fun, donc j'essaie quand même toujours de rendre ça le plus sympa possible, de créer la discussion à chaque fois.

Je prépare en ce moment des examens de mi-semestre. Je me pose beaucoup de questions sur l'évaluation. Comment vais-je évaluer les analyses de textes littéraires, les productions écrites que je leur demande? J'avoue que l'analyse du texte surréaliste va être une folle partie d'arrachage de cheveux je sens!^^

Bon, j'en ai écrit une tartine... Mais que voulez-vous une fois lancée, je ne m'arrête plus, je n'ai pas beaucoup l'occasion de parler de tout ça, donc j'en profite! (c'est mon journal intime qui fait la tête, je le délaisse du coup..)

Visu labu! (au revoir en letton)

samedi 1 octobre 2011

Déjà 3 semaines...

Et oui!! Cela fait déjà 3 semaines que j'enseigne à l'Université de Daugavpils, et c'est pourtant toujours un challenge pour chaque cours! :)
Le fait de ne pas avoir de programme à suivre, d'être au contraire très autonome et indépendante, ne m'est pas facile à gérer.. Le peu d'expérience que j'ai en enseignement du FLE se résume à de l'assistanat et de l'enseignement durant lequel je suivais le programme et les séquences d'un manuel. Les cours tous les jours ne duraient que 50 min et mixaient grammaire, communication et phonétique.
Cette année, j'ai à disposition certains manuels dans le bureau (Taxi, Campus, Espaces,...) et on m'a conseillé d'utiliser Taxi (que je ne trouve pourtant pas extraordinaire et peu motivant..). Mais je me retrouve avec un cours de grammaire, et un cours de communication d'1h30 séparés pour les L1 et L2. J'essaie bien sur de créer de la communication en cours de grammaire aussi, mais j'ai peur d'avoir du mal à trouver des activités de communications d'1h30 pour les 30 prochaines séances... Je surfe beaucoup sur le Net à la recherche d'idées d'activités, mais la plupart se regroupe beaucoup.
On pourrait pourtant croire que le cours de communication pourrait petre le cours le plus facile à mettre en place, mais le rythme doit surtout venir des élèves, et la culture éducative lettone ne permet pas une communication facile et confortable en cours: mes étudiants n'ont pas forcément l'habitude de pouvoir prendre beaucoup la parole en cours.
J'avoue que le groupe de L2 est celui qui me met le plus la pression, dans le sens où c'est le groupe le plus motivé, celui qui a sans doute les plus fortes demandes en terme d'apprentissage. Ce qui est très bien, cela permet d'avoir un groupe dynamique, mais je me mets donc une grosse pression, je ne veux pas les décevoir. C'est en effet je pense ce qui va être ma plus grande motivation pour cette année. Je suis responsable de cette licence, de ces étudiants. Je suis leur seule prof de français, je dois être à la hauteur, je ne dois pas les décevoir. De ce fait, j'avoue passer beaucoup de temps dans la préparation de mes cours, et laisse un peu (beaucoup) de côté mes travaux de M2...
Et ce weekend, j'ai pris le temps de me poser, et de relire le feuillet descriptif du travail à effectuer pour septembre/octobre... Wow quel coup de stress, je n'ai aps du tout préparer de Portfolio, je ne sais pas trop comment en préparer un, et pour l'enregistrement de ma classe.. je n'ai ni caméra, ni magnétophone et le matériel dans les classes est plutôt réduit ici (je dois chercher à chaque fois la seule prise de courant cachée..). Quant à l'enquête sur l'établissement, je n'ai pas du tout commencé non plus... Autant dire que je suis bien en retard, et légèrement dans la mouise.. et c'est quoi cette histoire de portfolio personnel et de cartographie de compétences???
Ok, nous sommes en octobre, je me suis posée hier à mon bureau et ai essayé de monter un programme pour mes cours de grammaire, afin d'avoir une structure, un squelette sur lequel m'appuyer, trouver une logique d'apprentissage que je pourrais aussi suivre pour les autres cours.
Je dois à présent respirer un bon coup, et me lancer, en essayant d'être plus sereine (oui c'est assez urgent, je n'ai plus d'ongles au bout des doigts...).
Souhaîtez-moi bonne chance!